La webécriture, une littérature cinéma
Vendredi 9 août 2019 - Du Vent dans les Branches
Ecrire des histoires en textes, images et musiques est le propre du webécrivain. Cette nouvelle littérature se distingue du roman, par le fait que les fictions sont écrites avec des textes, des images et des musiques. Les images et les musiques ne viennent pas illustrer le propos. Les images et les musiques racontent quelque chose que le texte ne dit pas.
La littérature cinéma est possible grâce aux technologies du web : traditionnellement, on n'illustre pas un roman imprimé, mais on peut encore moins y ajouter des musiques. Le livre imprimé est le domaine du roman. Le web est celui des livres numériques. Sur un site Internet on peut écouter des musiques et voir des vidéos, des films.
La nouveauté et surtout la spécificité de la littérature cinéma consiste en cette possibilité nouvelle de créer une fiction par la confrontation du texte avec des images et des musiques. Dans un roman, ce sont les mots qui créent des images et des sons dans la tête du lecteur, de la lectrice. En lisant, vous construisez une nouvelle histoire. Dans une fiction numérique, les images et les sons s'imposent. Vous ne pouvez plus imaginer autre chose, d'autant moins que le texte ne vous en laisse pas la possibilité. Par contre, vous construisez votre histoire par le choc des textes, des images et des sons, par leur résonance dans votre esprit.
Un exemple de réalisation d'une fiction numérique
Le webécrivain est un écrivain devenu réalisateur. Voici un exemple de réalisation.
Vous commencez par écrire les grandes lignes d'une histoire. Par exemple, un mouton, qui a peur du loup, est amoureux d'une chienne Bergère d'Anatolie. Il voudrait devenir chien et garder le troupeau. Si vous n'aimez pas les moutons, vous pouvez raconter une histoire de sexe, de drogue, de violence, ce que vous voulez.
Une fois rédigé ce premier texte, vous partez à la pêche aux images. Vous sélectionnez ou fabriquez des photos ou dessins, des vidéos en rapport avec votre histoire. Rappelez-vous que les images n'ont pas pour objectif d'illustrer votre texte. Elles doivent apporter quelque chose que ne dit pas le texte.
Ensuite, vous placez vos images (dessins, photos, vidéos) dans le texte et vous laissez reposer. A ce stade, le travail inconscient de votre esprit vous apportera de bien meilleures lumières que votre réflexion. Faites-vous confiance et libérez votre créativité.

Puis, vous reprenez votre texte en le modifiant et en le complétant. Vous continuez à raconter votre histoire en tenant compte de vos images. Si nécessaire, vous en enlevez ou vous en rajoutez.

Ensuite, vous réfléchissez à des musiques (musiques ou bruits) qui n'ont pas pour objectif d'illustrer et encore moins de combler les vides de votre narration. Vos musiques doivent apporter quelque chose, ne serait-ce qu'une ambiance adaptée au contexte. Vous sélectionnez ou vous fabriquez ces musiques.

La longue histoire de Manman Doudou
Une fois ces musiques en place dans la narration, vous pouvez décider de dire certains textes. Pour cela vous enregistrez une ou plusieurs voix et vous supprimez les textes correspondants. Ainsi une partie des textes seront lus par la lectrice, le lecteur, les autres textes (disparus de la partie écrite) seront entendus. Votre histoire est destinée à être lue, écoutée et regardée. Comme au cinéma. Sauf que ce n'est pas du cinéma, évidement. C'est de la littérature cinéma.

Extrait de Parole et musique : cliquer pour entendre la voix
Ainsi vous avez réalisé (textes écrits, textes lus, images et musiques) une fiction de textes, images et sons (musiques, bruits), qui sans être un roman n'est pas non plus un film.
D'écrivain de roman à webécrivain, réalisateur producteur de fictions numériques
Homme ou femme, le webécrivain est une sorte de réalisateur de fiction cinématographique. La principale différence, c'est le texte. Au cinéma, le plus important ce sont les images et les sons. Pour le webécrivain, le plus important c'est le texte. Ce type de fiction appartient à la littérature et non au cinéma.
Plaisir des images côté cinéma, plaisir du texte côté webécriture.
Dans les 2 cas, des textes, des images et des sons.
Cependant, l'introduction de liens dans la fiction change radicalement la nature de la webécriture, qui se différencie totalement du cinéma. En effet, si les liens de type "suite" servent à découper la narration, avec plusieurs liens l'auteur peut créer des carrefours de narration, obligeant la lectrice, le lecteur à choisir un chemin de lecture parmi d'autres.

Les liens de type "choix" font exploser la chronologie. Il n'y a qu'une seule façon de lire le roman imprimé : on tourne les pages du livre. De même au cinéma, on regarde le film qui défile au rythme de la projection. Il y a plusieurs possibilités de lecture de la fiction numérique comportant des liens multiples (au moins deux).
Réalisation : les liens dans la fiction
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- De l'unique au multiple, la fiction numérique a explosé le roman
Réalisation : poursuivre la réflexion sur l'écriture
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Production : publier une lèbe (lecture web) sur Internet
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