On ne joue pas avec les mots

Samedi 16 mai 2020 - Landes et Forêts

Poésie désenchantée

Jeune chien sur le balcon - Photo Jacques Bouchut

Ne sait pas, ne sait pas, ne sais pas

ne dit rien, ne dit rien, ne dis rien

ne voit pas, ne voit pas, ne vois pas

n’entend pas, n’entend pas, n’entends pas

rien.

Vivre dans la misère

ce n’est pas rien

logement, nourriture, santé, se protéger,

dormir en sécurité, se laver, s’habiller, se déplacer,

avec ou sans maison

dans la misère

on se terre.

Ici et ailleurs sur Terre

vivre normalement

c’est

disposer d’un logement

et de revenus pour

manger et s’habiller normalement

aller à la mer, à la montagne, dans la campagne

voir

des paysages

des oiseaux, des animaux, des fleurs, la végétation

choisir ce qu’on veut faire selon ses passions

s’éduquer et se distraire

aller au cinéma, au restaurant

écouter de la musique, jouer d’un instrument

ici et ailleurs sur Terre

s’épanouir au lieu de se taire.

Comprend rien, comprend rien, comprends rien

voudrait savoir, voudrait savoir, voudrais savoir

pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi

mais non

rien.

Elle ne sait pas, il ne sait pas, je ne sais pas

pourquoi

pourquoi, c’est comme ça

pourquoi on croit que c’est comme ça

on croit, on croit, on croit

mais on ne sait pas

sait pas, sait pas, sais pas

rien.

Pourtant

pourtant c’est là

pourtant c’est là sous nos yeux

pourtant on a le nez dessus

pourtant c’est bien là, au coin de la rue

pas besoin de croire pour le voir

bien au contraire

c’est tout le contraire

la misère c’est tout le contraire

tout le contraire.

Ne sait pas, ne sait pas, ne sais pas

la misère n’existe pas, non, pas du tout

ce sont les gens, les gens, les gens, les gens, les gens

qui sont dans la misère

des êtres humains

des enfants

des adultes

ils survivent

maltraités par la société

la société n’existe pas, ce sont les gens

qui sont organisés en sociétés.

Ce n’est pas de la philo

on ne joue pas avec les mots

les idées, les concepts, non, on ne joue pas

la misère n’existe pas

ce sont les gens, les gens, les gens, les gens, les gens

ce sont des êtres humains

maltraités par les autres

les êtres humains

mal organisés en sociétés

en sociétés financières

aux mains des actionnaires.

Économie libérale

pillage des richesses mondiales

criminalité financière

enfer de la vie précaire

pourtant

l’économie ne fait rien

l’économie ne souffre pas

l’économie n’existe pas

c’est juste une organisation des échanges

entre les êtres humains.

Ce sont les gens, les gens, les gens

qui font la misère du monde.

Ne sait pas, ne sait pas, ne sais pas

elle ne dit rien, il ne dit rien, je ne dis rien

ne voit pas, ne voit pas, ne vois pas

n’entend pas, n’entend pas, n’entends pas

rien.

Et pourtant

même si on ne sait pas pourquoi

même si on ne comprend pas

le droit de vivre sans être maltraité

le droit de vivre sans être maltraitée

le droit de vivre normalement

qu’on se dise il faut ou c’est bien ou c’est raisonnable

c’est juste intelligent

pas besoin d’aimer les gens

pas besoin d’aimer les animaux

pas besoin d’aimer les plantes

ce sont des êtres vivants

changer de comportement

changer la loi, changer les règlements

c’est intelligent

c’est suffisant.

Mais quand ?

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