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Feuilles d'automne

Planète Terre

Vivre en paix

Deuil, responsabilité et insouciance

Jeudi 14 mai 2020 - Landes et Forêts

Avenue vide, à sens unique, à New York

Sens unique : A deserted 7th Ave. during the coronavirus lockdown in New York City - Photo by Paulo Silva on Unsplash

On peut toujours croire que le monde d’avant la catastrophe n’a pas disparu et faire comme si on pouvait revenir en arrière.

On avance, on avance, chantait Alain Souchon en 1983. C’est ainsi : le monde change et jamais comme on voudrait.

Ce monde d’avant, vous y tenez tant ? Pourtant, c’est une société injuste où, en France, les citoyens ne sont traités ni à égalité, ni avec fraternité, certains dorment dans la rue, n’ont pas de quoi vivre, alors que d’autres citoyens vivent dans l’opulence. Des citoyens ne sont pas libres de vivre normalement parce qu'ils sont exclus à cause de la couleur de leur peau ou de leur religion. La France égalitaire, liberté, égalité, fraternité, est morte avec le libéralisme. C’est ça le monde d’avant : qui a envie d’y retourner ? Faire le deuil permet de repartir sur autre chose, tenter une nouvelle vie, différente. Deuil ou pas, de toute façon on avance.

Choc de la catastrophe du covid-19 (pandémie toujours en cours au 14 mai 2020), confinement, déconfinement, nous voici plongés, en France et ailleurs, dans des paradoxes et des questions sans réponse. De quoi devons-nous faire le deuil ? Qu’est-ce qui va disparaître ? Que va-t-il advenir ? Qu’est-ce qui va s’améliorer ? Qu’est-ce qui sera pire ?

Évidemment, rien n’empêche de vivre sans s’interroger, mais la plupart des gens réfléchissent, se renseignent, essayent de comprendre, tentent de savoir quoi faire en attendant de pouvoir reprendre leurs activités, leur vie d’avant. Mais c’est une illusion : une fois de plus le monde a changé et on ne reviendra pas en arrière.

Actuellement, et c’est en cela que le monde est nouveau, la question de savoir comment on va vivre, comment on va se comporter, s’impose même si on ne la formule pas. On va choisir, même si on n’en a pas l’impression. Une prudence excessive nous prive de liberté, une insouciance peut nous priver de la vie ou la transformer en cauchemar ou encore une insouciance peut causer tord à d’autres personnes.

Responsabilité ou insouciance, faudra-t-il choisir ? Ou va-t-on apprendre à vivre en étant responsable de son comportement avec une dose d’insouciance ? Sérieux avec humour.

L’insouciance est le propre des enfants, qui comptent sur leurs parents pour assurer leur subsistance en sécurité. Mais pas seulement. Le déconfinement est une sorte de rajeunissement : après 2 mois de privation de libertés, encore que chacun, confiné, est resté libre de réagir à la présence des autres ou à sa solitude comme il l’entendait (comme il pouvait). Confiné, après avoir été privé de libertés, chacun est tenté d’en profiter, surtout si un nouveau confinement est possible, voire inéluctable. Mais en profiter comment ? Serons-nous insouciants ? Un peu, beaucoup, pas du tout ?

Sommes-nous dans une société jeune et dynamique, ou dans une société pondérée ou dans une société sclérosée ? Chacun de nous compose et construit cette société qui évolue. Les réponses individuelles et collectives, ici et ailleurs, en France et dans le monde, à la question de la responsabilité et de l’insouciance façonneront le nouveau monde. Obéirons-nous comme des enfants dociles tout en faisant les imbéciles à chaque opportunité ? Resterons-nous solidaires ? L’humour et la dérision seront-ils toujours d’actualité ? Saurons-nous faire face à la montée des totalitarismes, éviter les dictatures fondées sur la peur ? Saurons-nous imposer à nos dirigeants une politique novatrice, un changement d’économie, pour rendre possible un monde juste et équitable, un monde vivable ? Laisserons-nous une minorité d’individus imposer à tous les êtres humains leur pillage et leur saccage habillé en libéralisme incontournable, en économie capitaliste libérale ? Saurons-nous empêcher, par la loi, la police et la justice, ces criminels de nuire ? Il ne s’agit pas de punir. Il s’agit d’arrêter le massacre planétaire.

Responsabilité et insouciance.

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