Charlie
Jeudi 8 janvier 2015, 15:00 - Feuilles venues d'Ailleurs
Haroun remarqua que le vieux général Kitab lui-même, monté sur un cheval mécanique ailé semblable à celui de Bolo, allait d'oiseau-barge en oiseau-barge pour participer aux différentes discussions; et telle était la liberté, à l'évidence permise aux Pages et autres citoyens de Gup, que le vieux général semblait parfaitement heureux d'entendre sans ciller ces tirades d'insultes et d'insubordination. En fait, Haroun avait l'impression que très souvent le vieux général provoquait vraiment les disputes, puis il y participait avec une allégresse enthousiaste, se mettant parfois d'un côté et, l'instant d'après (simplement pour le plaisir), il soutenait l'autre point de vue.
"Quelle armée !" se dit Haroun d'un air rêveur. "Si tous les soldats se conduisaient ainsi sur la terre, ils passeraient vite en cour martiale."
Mais mais mais à quoi sert de donner aux gens la liberté de parole, déclama Mmais la huppe, si vous ajoutez qu'ils ne doivent pas l'utiliser ? Et la liberté de parole n'est-elle pas le plus grand des pouvoirs ? Alors elle doit être pleinement exercée.
Salman Rushdie, Haroun et la mer des histoires
Voir aussi Jardin de pierres.
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